Philippe et Marie Christine Privat, 590 Tahuret.
3 semaines en juillet-Août 2020
Y avoir goûté, c'est chercher à y revenir... Malgré les incertitudes liées aux conditions sanitaires de l'été et aux difficultés qui en découlaient, difficile de résister à l'appel de l'Adriatique, de ses eaux turquoise et de ses criques sauvages ... Pour ce nouveau projet, nous avons repris les mêmes objectifs qu'en 2019 - chercher le plus possible l'autonomie, profiter des zones les moins touristiques, prendre notre temps pour savourer le présent en espérant bénéficier de l'expérience acquise et vivre une nouvelle aventure. Le projet initial était de repartir d'Osor pour aller cette fois-ci longer les îles de Pag, Rab, Krk, descendre le fameux canal de Velebitski et revenir par le Sud en repassant par les îles d'Olib ou de Silba.
En fait, la météo et des amis venant nous rejoindre pour naviguer une semaine avec nous, nous ont fait opter pour une redescente de la côte Est de l'île de Crès.
Comme la méthode pour choisir l'itinéraire et appréhender les différentes situations qui pouvaient se présenter semblait avoir fait ses preuves, nous avons fonctionné de la même manière qu'en 2019 avec pratiquement le même matériel emporté.
Un peu plus d'eau en bidon pour s'assurer une totale autonomie sur les 3 semaines. Un peu plus de condiments pour améliorer la saveur des plats rudimentaires. Plus de biscottes et de pain d'épice pour parer aux problèmes rencontrés dans les petites îles où il n'y avait pas toujours du pain et où les quelques fruits achetés ne s'étaient guère conservés. Nous avions également le pavillon croate à mettre au-dessus du français (nous ne l'avions pas trouvé dans les magasins croates visités en 2019). En 2019, nous avions une petite planche de surf pour transporter ce qui craignait l'eau lorsque nous allions au bord et que nous devions nager pour cela. Cette année nous avons opté pour une petite planche de surf gonflable pour enfant, histoire qu'elle prenne moins de place... et finalement, nous ne nous en sommes pas servis. Nous avions aussi investi dans une petite douche solaire qui nous a apporté un réel confort... l'eau était presque trop chaude, et c'est un régal le soir au coucher du soleil de se dessaler avec l'eau récupérée des orages qui a chauffé toute la journée. (Quelques orages nous ont permis de récupérer une cinquantaine de litres... Ce qui fait une dizaine de bonnes douches ! ; Nous avons aussi pu nous ravitailler en eau douce en utilisant une douche dans un tout petit port).
Nous sommes allés à la même capitainerie (Punat) pour s'inscrire et cette année, nous n'avons pas eu à régler des taxes de séjour... le bateau était trop petit :-) Nous n'avons pas pu mettre à l'eau par nous-même. La cale que nous avions utilisée en 2019 était occupée par un bateau et semble-t-il pour quelques jours. Le camping avait supprimé sa mise à l'eau pour rallonger sa plage de sable. C'est le chef de port d'Osor qui a gruté le bateau moyennant 30 €. Il a trouvé qu'il n'était pas bien lourd ! Nous n'avons utilisé aucune bouée d'amarrage et nous avons toujours mouillé par nous-mêmes, souvent en rajoutant un cordage, soit à un rocher, soit à un arbre.
C'est elle qui décide du programme, que ce soit des heures de navigation ou des pauses. Si nous voulions nous épargner des inconvénients du moteur, il fallait se caler avec le vent, parfois le matin, parfois l'après-midi ou en fin d'après-midi. Globalement il y a eu cet été ou trop peu de vent ou trop de vent ! Nous avons fait connaissance avec la Bora et ses coups de vent force 8 pendant 3 jours et demi !!! Heureusement nous avions opté pour une anse bien protégée, à moins de deux kilomètres de Lopar (île de Rab). Nous pouvions aller faire des courses et découvrir à pieds d'autres baies magnifiques. Une prison dorée ! Nous y sommes restés en fait 5 nuits car avant la Bora (Nord-Est), ils avaient annoncé un violent coup de vent venant du Sud avec orage et pluie... La même anse nous protégeait du Nord Est et du Sud... mais le coup de vent est venu de la seule direction où nous n'étions pas protégé (Ouest) et nous avons alors découvert ce qu'était un mouillage avec du force 7, des vagues qui déferlaient au niveau du bateau, de la grêle qui nous fouettait, une mer devenue blanche et l'effort à fournir pour rajouter en urgence une ancre soc de charrue de plus de 7 kg et une amarre passée à un arbre. Une aide généreuse est venue nous secourir... lorsque nous avions enfin stabilisé le bateau... Le lendemain matin, c'était un calme Olympien.
De plus en plus nous utilisons cette possibilité de s'ancrer en trois points au lieu d'un seul. Il permet de s'enfoncer dans des petites criques et s'approcher au plus près. C'est plus problématique avec un seul point car lorsque le vent tourne, le bateau balaye une surface qui peut être importante. Le bateau peut alors toucher des rochers ou des zones moins profondes lorsque la marée descend.Avec le mouillage trois points (un devant et deux derrières pour orienter la proue du bateau face aux vagues) il est toujours possible de modifier l'angle d'attaque des vagues en relâchant un des cordages arrière et en reprenant l'autre. Cela permet de conserver le bateau exactement là où on le souhaite. Dans le cas précédant, le vent et les vagues ont attaqué en très peu de temps à près de 180° de ce que nous avions envisagé. Il nous a fallu repenser entièrement notre dispositif car le risque était que les vagues importantes fassent se soulever l'ancre plate (la plus légère) et qu'elle décroche.
Nous avons retrouvé nos amis et leur Sun Fast 20 avec plaisir. Heureux de leur faire partager ce type de navigation.Etre à plusieurs bateaux change toutefois la philosophie du voyage en apportant son lot de gaieté mais aussi ses contraintes. Certainement une moins grande réceptivité à ce qui nous entoure mais avec l'impression d'être moins vulnérables. D'avoir pu bénéficier de ces deux aspects du voyage était certainement une bonne chose.
Le 590 s'est montré encore très à l'aise dans ce type de navigation côtière. Pour rejoindre plus vite nos amis nous avons tenté de le faire alors que la Bora semblait baisser d'intensité. Nous avons vite été rappelé à l'ordre et nous avons fait demi-tour. Le 590 n'est pas un bateau de mer formée, qui plus est avec des coups de vent et cela même avec deux ris et un petit foc ! Mais si l'on a la patience d'attendre, il se faufile de partout. Dans le vent d'orage, le fait d'avoir pied, m'a permis de repositionner les deux premières ancres et d'en rajouter une troisième, comme d'attacher un cordage à un arbre sur la rive... mission impossible autrement !Le regard favorable posé par plusieurs plaisanciers sur notre petite embarcation nous donne l'impression qu'il y a une sorte d'authenticité dans ce bateau, laquelle peut se perdre dans la mesure où le bateau devient une maison bis. En tout cas, notre envie de repartir est encore plus forte...