Le nord de la CROATIE en  590 

Philippe et Marie Christine Privat, 590 Tahuret.

3 semaines en juillet-août 2019

Tout projet se rattache certainement à des vécus particuliers et vient dans le prolongement de ceux- ci. C'est le cas de notre petit périple en Croatie l'été 2019.Il fait suite à plusieurs randonnées à pieds, jusqu'à 5 à 6 jours en autonomie (Pyrénées, Islande...) puis à plusieurs randonnées nautiques en kayak de mer, jusqu'à 16 jours en semi-autonomie, (Espagne, Croatie 2x, Baltique, mer du Nord). Pratiquant le dériveur léger (420, Jet, ISO) depuis plus de 35 ans, nous avons souhaité poursuivre ces randonnées nautiques, cette fois-ci en dériveur lesté tout en gardant la même approche autonome, simple et nature. (Passer du sac à dos, au kayak c'est déjà s'offrir un certain confort... quant au 590, c'est Versaille !)

Objectif de notre projet :

Ni touristique, ni gastronomique, ni recherche de performance... juste le plaisir de naviguer, de découvrir des petites criques sauvages et très peu fréquentées et de bénéficier de superbes mouillages permis par le faible tirant d'eau du 590.

Choix du secteur de navigation :

Les îles Croates du Nord sont plus proches de la France et moins fréquentées que celles du Sud. Elles offrent aussi de multiples possibilités de mouillage. Nos parcours en kayak autour de ces îles nous ont apporté une petite connaissance de ce que nous pouvions rencontrer.Nous avons donc opté de naviguer autour d'un ensemble d'îles allant de la partie sud de l'île de Crès j'usqu'à l'île de Molat. Descente par l'Ouest et montée par l'Est en franchissant le pont tournant d'Osor (horaires de rotation du pont : 9h et 17h chaque jour)

Choix du parcours :

Le moins évident est la recherche d'une mise à l'eau et surtout d'un lieu où stationner la voiture et la remorque. Les possibilités ne sont pas légions. Des marinas, comme à Punat, offrent cette possibilité de gardienage mais moyennant finance. Des campings avec des mises à l'eau privées peuvent le permettre, comme celui entre Osor et Nerezine (mais à confirmer). D'autres mises à l'eau existent mais encore faut-il les trouver et qu'elles soient adaptées pour laisser voiture et remorque. Le lieu utilisé l'année dernière ne sera pas divulgué car trop aléatoire et pas suffisamment fiable pour encourager quelqu'un à y laisser sa voiture et sa remorque trois semaines.Le plus facile est de trouver les multiples lieux possibles de mouillage pour arrêts en journée ou pour passer la nuit. Là encore indiquer notre parcours ne nous semble pas judicieux car il a été fabriqué au jour le jour au grès de nos envies d'avancer ou de séjourner dans des endroits super, au grès de la météo. A suivre un parcours tout tracé, qui serait bien rare de correspondre aux attentes de chacun, il vaut mieux le fabriquer soi-même ; c'est, à notre avis, un bon moyen aussi de se préparer activement à faire plus tard les choix auxquels le quotidien nous conviera.

Notre méthode pour choisir les itinéraires :

Nous avons choisi 84 points de côte susceptibles de nous accueillir en fonction des critères qui étaient les nôtres : taille, orientation, présence d'arbres pour mettre un hamac, éloignement des sentiers balisés, faible fréquentation imaginée... Ces points étaient hiérarchisés en fonction de leur intérêt imaginé. Google earth, les cartes marines et terrestres, les informations collectées... donnent des informations utiles pour éviter certaines zones et en privilégier d'autres.Un seul point visité en 2019 n'a pas du tout correspondu à ce que nous avions imaginé (nous sommes vite repartis !)Nous avons également noté les points refuges au cas où le mauvais temps nécessite que l'on ait à s'abriter. Indication de la présence de bouées, lieux plus protégés...Nous avons noté enfin les lieux d'approvisionnement pour acheter fruits, légumes, pain, eau). Deux seuls lieux ont été utilisés sur le parcours. Dans ces deux endroits, difficulté de trouver quelques fruits et légumes frais, surtout si l'on arrive quelques jours après l'approvisionnement par ferry...Armés des différents points notés sur GPS, c'est le plaisir d'aller où bon nous semble quand nous le voulons/pouvons, en essayant toutefois de toujours imaginer la suite du voyage pour ne pas passer à côté de lieux remarquables et surtout arriver le jour prévu ! Les distances que nous avons parcourues chaque jour ont été très diverses : de rien à une quarantaine de kilomètres ; ce qui était finalement peuet qui montre la richesse de ces îles en termes de possibilités. Le plaisir de naviguer nous a fait parfois tirer des bords pas toujours indispensables...

Mouillages :

Essentiellement en mouillage forain. Les fonds rocheux ou sablonneux ne semblent pas être trop sensibles pour pouvoir s'accorder ce type de mouillage sur ancre en bonne conscience écologique. Peu d'indications de zones interdites au mouillage.Nous avons fait le choix d'embarquer trois ancres pour en avoir toujours 2 si l'on en perdait une dans les rochers, comme cela peut vite arriver ! (une nuit où les conditions étaient incertaines et les rochers proches nous avons mis les trois ancres plus un cordage pour dormir tranquille !Possibilité aussi de s'attacher aux rochers ou aux arbres (prévoir cordages suffisantes)Quatre mouillages l'ont été sur coffre du fait de la particularité des endroits et la nuit et le lendemain d'un orage violent.

Météo rencontrée :

Du beau temps général avec du petit vent (brise marine).Quatre gros orages (trois en un week-end orages-pluie où nous sommes restés en stand-by bien protégés au fond d'une crique) et un orage violent de nuit très venté sur bouée mais heureusement protégé des vagues.Retour d'expérience : à la perspective d'un orage fort de nuit, comme ce dernier, il vaut mieux tout enlever (voiles d'avant, grand voile et peut-être même bôme). Nous avons valsé de manière inquiétante au grès des coups de vent du fait certainement de la prise au vent du taud sur la grand voile ferlée.Avantage de la pluie : elle permet de faire une bonne collecte d'eau douce pour se dessaler après l'avoir fait chauffer au soleil... (utilisation pour cela, des bidons d'eau vide).Nous avons eu également deux coups de vent en navigation qui ont nécessité prise de deux ris et établissement du foc. Cela nous a permis dans le deuxième cas de poursuivre notre route et de traverser une passe un peu compliquée.Nous prenions la météo par internet 4G tout en recevant par ailleurs des indications d'un membre de la famille par mail au cas où nous ne puissions pas recevoir les infos par internet. Au total, nos indications se sont avérés être suffisamment fiables.

Formalités administratives :

Même en « petit » bateau, il vaut mieux être le maximum en règle possible pour ne pas avoir de problème si contrôle. (entre autre matériel de sécurité normal)Avant toute navigation il faut aller aux « affaires maritimes croates » (pour nous à Punat – attention, fermeture des bureaux à 13h !) pour régler les droits de navigation et taxes de séjour. Pour cela il faut présenter assurance, permis côtier, papiers du bateau.Si utilisation VHF, même portable, il vaut mieux avoir le CRR. Coût du droit de navigation : 183 kuna = 24 €Taxes de séjour pour 3 semaines : 570 kuna = 77 €

Confort à bord :

Le choix d'une itinérance en quasi autonomie en 590 n'offre pas tous les avantages matériels d'une vie à bord d'un plus gros voilier avec l'utilisant des services des marinas et des restaurations... mais, pour ceux qui aiment être au plus près de la nature, bien d'autres aspects viennent les compenser.« Habiter » un bateau est une sorte de luxe, même s'il n'est pas grand et si cela réclame beaucoup d'attention, notamment pour ne pas se faire piéger par la météo. Si le kayak de mer est minimaliste le choix de naviguer en 590 ne l'est pas vraiment car beaucoup d'aspects et de matériels s'imposent au même titre que sur un bateau plus grand, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité.Par contre, la taille compte pour le transport jusqu'en Croatie (aucune difficulté avec un Peugeot Expert) et les manœuvres faciles de navigation, mouillages etc., permettent ce qui n'est pas toujours possible avec plus grand.Pour se protéger du soleil et de la chaleur nous utilisions un bimini (premier prix) qui s'est avéré être très amovible et performant. Nous l'enlevions pour naviguer sauf quand il n'y avait quasiment pas de vent.Bien d'autres aspects auraient pu faire l'objet d'un compte rendu. Les éléments apportés l'ont été pour ceux qu'un tel projet peut intéresser. Nous pouvons essayer de répondre aux questions que les membres de l'association pourraient nous poser. Bien sûr, d'autres types de projets sur la base de choix différents existent et sont tout autant intéressants. Ce que nous avons décrit nous correspond (comme nous correspond le 590) et nous projetons d'autres navigations similaires en Croatie ou ailleurs.

Bien à vous !